
A l’initiative de Jean Simard, une série d’anciens enfants placés dans un orphelinat de Mont d’Youville (Québec) ont déposé une plainte collective contre ses responsables et demandent leur condamnation.
Les Soeurs de la Charité comptent à peu près 290 membres et ont géré cet orphelinat entre 1920 et 1990. A vrai dire, leur première intention n’était pas de créer un orphelinat mais un « centre de réadaptation pour mésadaptés sociaux ». Au début des années 1970, le centre était devenu un orphelinat-internat.
Jean Simard était fils de parents souffrant d’alcoolisme et il a été placé au titre du « dépannage des familles » (ses quatre autres frères et sœurs ont été placés dans des institutions différentes).
Selon les plaignants, les pensionnaires faisaient l’objet d’abus physiques et sexuels, aussi bien par des membres du personnel que par des nonnes. Selon l’avocat des nonnes, leur étonnement est total et elles n’auraient jamais été informées de tels abus.
Pour sa part, Jean Simard dit avoir été agressé physiquement alors qu’il avait 12 ans par un certain John-Antony O’Reilly, un des éducateurs. Chaque semaine, il était frappé à coup de ceinture dans une pièce capitonnée ne contenant qu’un lit et après avoir été battu, il devait lui faire un bisou de gratitude. Les autres membres du personnel étaient au courant puisque il devait être soigné au moyen de pommades, sur le dos ou sur les fesses. L’éducateur a été reconnu coupable de différentes violations et abus sur plusieurs enfants : attentat à la pudeur, voies de fait au moyen d’une ceinture, notamment. Selon Jean Simard, les sœurs doivent être considérées complices et coupables de négligence et de camouflage, leur seule préoccupation étant peut-être leur réputation, à l’époque. Il faut rappeler que dans les ordres monastiques, le personnel des religieuses est soumis à l’obligation d’obéissance et de silence, c’est leur ordre qui devait intervenir.
Après une première plainte, son avocat été contacté par d’autres anciens pensionnaires, dont une femme qui dit avoir été agressée sexuellement à 7 ans par la nonne responsable de la buanderie, en 1957. Une fillette dit avoir été forcée de manger une assiette alors qu’elle y avait vomi.
À l’âge adulte, Jean Simard a eu une carrière de délinquance, de drogue, de tentatives de suicide et il affirme que son passé dans l’orphelinat en est une des causes, ayant fait de lui une personne ne pouvant plus accepter aucune forme d’autorité.
Une autre action en justice s’est ouverte : l’orphelinat ayant été repris en 1990 par une institution publique, les sœurs veulent obtenir que les frais de leur défense soient pris en charge par cette institution.
L’avocat de M. Simard demande une sanction de 2 millions de dollars canadiens.
Les Soeurs de la charité ont publié ce communiqué de presse laconique en octobre 2018 : « Les Sœurs de la Charité de Québec ont une longue histoire d’aide à la communauté et aux plus vulnérables et elles sont troublées de prendre connaissance des allégations de la procédure impliquant leur congrégation. Avant ces procédures judiciaires, les Sœurs de la Charité de Québec n’avaient jamais été informées de telles allégations. Leur étonnement est complet. Par respect pour le processus judiciaire qui fera la lumière sur ces faits, aucun autre commentaire ne sera fait avant la fin des procédures. »
Le procès donnera sans doute lieu à des nombreux débats, notamment sur la question du délai de prescription.
Toute personne ayant fait partie des victimes peut rejoindre la plainte via le site des Victimes du Mont d’Youville.

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