Enfants battus et harcelés sexuellement au sein de Mission de vie (Liban)

Un jugement a été rendu contre un centre d’accueil pour mineurs au Liban. Mission de vie, le nom de cette institution religieuse maronite, a fait l’objet d’une enquête, comme le signale le portail d’information L’Orient Le Jour.

« Tous les enfants sans exception ont affirmé être régulièrement battus par les personnes qui s’occupent d’eux », affirme (…) le jugement. Des personnes qu’ils ont nommées, une à une. Ils ont bien précisé qu’il ne s’agit pas d’une petite fessée ou d’une tape, comme la loi l’autorise encore dans le cadre de l’éducation d’un enfant, mais qu’ils sont « violemment frappés sur la tête avec un bâton, jusqu’au sang parfois, ou d’autres fois giflés ». D’où les contusions visibles sur leurs corps. Les mineurs ont aussi révélé qu’ils étaient « victimes de harcèlement sexuel et d’atteinte aux bonnes mœurs au sein de l’institution, aussi bien de la part d’autres enfants, que de la part d’un religieux », qu’ils ont tous identifié. Des films pornographiques circulaient d’ailleurs. Les enfants ont précisé que « le religieux harcelait régulièrement les petites filles » et tenait à leur encontre « des propos particulièrement grossiers », toujours selon le texte. Malgré les plaintes des enfants, le religieux n’a jamais été sanctionné par la direction de l’association. Bien au contraire, il était « couvert par des religieuses qui menaçaient les mineurs de sanctions, en cas de révélations ».

Autres formes de maltraitance, les enfants étaient parfois nourris d’aliments avariés. Les fillettes étaient de plus obligées d’avoir les cheveux courts et les plus réticentes étaient attachées « lorsqu’on leur coupait les cheveux de force ».

Transférée auprès de la procureure générale du Mont-Liban, Ghada Aoun, l’affaire a été saisie par le procureur général de la République, le juge Ghassan Oueidate. Le dossier a également été transmis aux ministères concernés, au patriarche Béchara Raï et au président de l’association Mission de vie, le père Wissam Maalouf. Il n’en reste pas moins qu’après avoir réussi à placer en lieu sûr 10 enfants qu’elle estime en danger, la justice attend toujours d’être informée du sort de deux nourrissons, âgés de quatre et treize mois, qui ne lui ont toujours pas été remis. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir où se trouvent ces deux bébés. Un refus de les livrer à la justice pourrait entraîner des soupçons de trafic d’enfants.


Affaire Mission de vie : les révélations du jugement de la magistrate Joëlle Abi Haïdar, L’Orient Le Jour, 9 décembre 2019.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*