Au Bénin, le vidomègon, système d’exploitation des enfants placés

Le journaliste Pierre Lepidi, envoyé spécial à Cotonou, propose un long article sur la situation de certains enfants placés au Bénin, là-bas le terme pour les désigner est « vidomègon ». Le journaliste dénonce un système économique basé sur leur exploitation, il écrit notamment que:

« (…) Jusqu’au cœur de la nuit, on peut voir à Cotonou des enfants livrés à tous les dangers près du stade de l’Amitié ou aux abords de Dantokpa. Au Bénin, on les appelle « vidomègon » (les « enfants placés » en fon, la langue la plus parlée de ce pays de 13 millions d’habitants). Le phénomène est également répandu au Togo et au Nigeria voisins. Selon l’Unicef, ils seraient près de 200 000 en Afrique de l’Ouest. A Dantokpa, on en compterait 5 000, d’après l’ONG Espoirs d’enfants.

Si dans les marchés de la plupart des villes béninoises, on les croise portant ce qu’ils doivent vendre dans la journée, on peut aussi en voir travailler dans les champs ou dans des restaurants, où ils servent ou nettoient les tables des clients. Certains ont à peine 5 ans. Souvent pieds nus et vêtus de haillons, de nombreux vidomègon (80 % d’entre eux sont des filles) sont victimes de maltraitance et de violences sexuelles.

Le fait de placer un enfant chez un proche ou dans une famille d’accueil a toujours existé. Il permet à des familles pauvres d’espérer offrir la possibilité d’aller à l’école. En échange, les enfants accomplissent quelques tâches agricoles ou ménagères. « Je connais des jeunes filles qui sont tombées chez des gens très corrects », assure Julienne, 16 ans. En Afrique de l’Ouest, c’est à partir des années 1990, au fil des sécheresses et des crises économiques, que le principe s’est dévoyé pour devenir une activité commerciale parfois placée sous la coupe de réseaux de trafiquants.

Loin des grandes villes, un business s’est mis en place dans le nord du Bénin, mais aussi dans les départements du Couffo et du Mono (sud-ouest). « Le système est organisé à partir de rabatteurs et d’entremetteuses qui sillonnent les villages en quête d’une main-d’œuvre bon marché », explique Florentin Kinhoueyito, secrétaire général de l’ONG Amour et Bien-être, qui mène différentes actions en faveur de la jeunesse béninoise : « Ils donnent aux parents une somme d’environ 30 000 francs CFA [46 euros] pour les appâter. Ils leur font miroiter un revenu mensuel qu’ils ne verseront quasiment jamais. Ensuite, les enfants disparaissent et tout est fait pour qu’ils n’aient aucun contact avec leur famille. Lorsque les enfants reviennent chez eux, ils n’osent généralement pas raconter l’enfer qu’ils ont subi. » (…) »

Vous trouverez l’article dans son intégralité sur le site du Monde: Au Bénin, l’exploitation des « enfants placés », entre maltraitance et violences sexuelles, 13 août 2021.

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